• Tandis que je dissimulais ma présence les voix se firent plus distinctes, plus graves. Présage porté par la cité fantome, le chant s'éleva et quand je pus enfin en mesurer les paroles, la bise se fit blizzard :

     

    Quand mere démence jubile

    Nous, bourreaux, punisseurs impies

    Nous, tortueux reflet de l'homme vil

    Condamnés a errer parmis la lie

    Nous, que la démesure porte enfin

    Nous, marchons fierement vers la raison.

    Point de pitié, car pour vous voici la fin

    Car en vous ne vivra plus que cette oraison


    Agenouillez vous car voici notre supplique.

    Au creux de sa paume, nous nous agitons

    Fidele femme de l'hérétique

    Voila que Dame Folie libere nos dons

    Ni dieux, ni saints

    Nous regnons dans l'anarchie

    Car nous ne sommes que des chiens

    Divines bêtes enfantées dans l'agonie

     

    Le régiment d'ou s'élevait le chant n'avait plus rien d'humain. Certains avaient rongé la moitié de leurs doigts, d'autres jouaient avec d'étranges restes. Aucun n'était au garde a vous, et parmi ceux qui chantaient quelques uns pleuraient quand leur voisin riait a gorge déployée.

    Pourtant dans ce chaos, d'aucun n'oubliait de maintenir une formation parfaite.

    Sur un ordre le groupe s'arrêta. La perfection géometrique rencontra alors la plus pure démence. Face a moi s'agitaient une cinquantaine d'hommes. Placés a égale distance l'un de l'autre, chacun semblait se contenir et tous tremblaient violemment, au bord de l'implosion.

    C'est alors qu'apparut le chef d'orchestre, celui qui était responsable de ce sombre ballet. Il avança d'un pas puissant, agile, pour se poster a la tête du groupe qui passa des tremblements aux spasmes.

    Il était svelte, la plastique de son corps semblait parfaite mais incomplete. A travers une bure blanche anormalement propre je devinais son corps. Ses jambes, longues et élancées venaient rejoindre un torse parfaitement dessiné surmonté lui même de bras aux muscles saillants. Pourtant, son visage venait assombrir et transformer ce corps. Fin, émacié, presque morbide, il était si pâle qu'il semblait briller a la lueur du soleil mourant.

    Sa bouche était une fine lame, tranchante et sifflante. Son nez plus qu'aquilin supportait un bandeau mité dissimulant son regard, pourtant, je ne put m'empêcher de frissoner en le fixant. Je me sentais observé, possedé, était il doué d'omniscience? Un étrange vide m'envahit alors, comme si ce bandeau était la derniere limite entre la raison et les abîmes. Le rempart dont déferlerait la mort. Son crâne, dépourvu de cheveux semblait  horriblement déformé, comme remodelé par a coups.

     

    Fasciné j'avançais de quelques pas pour détailler plus avant ce chef et son armée. Mais alors l'une de ces choses se tourna vers moi. Pétrifié je ne put distinguer que folie dans le regard exorbité qui me détaillait.

    Soudain, il hurla.


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  • "Bordel ce qu'il fait sombre ici je m'y ferait donc jamais. Ellis ouvre la porte, promis je me battrais plus dans ton bouge!"

    Alors qu'une migraine violente m'assaillait je réalisait que la ville était étrangement silencieuse.Peu importe qu'ils aient sonné les cloches de sommeil ou non, d'habitude on entendait toujours le bruit du marché ou d'une violente échauffourée, de travailleurs qui avaient oublié ce qu'était la nuit et même des fous qu'on laissait déambuler. Non, cette fois, c'était tout sauf normal.

    Je fus alors pris de panique, en plus d'être lourde et resistante la porte de la salle d'isolement était toujours verrouillée.

    "Non c'est pas possible, Ansem reprends tes esprits. C'est encore une de tes crises. Bordel il se passe quoi! Ellis espece de fils de pute, si t'ouvres pas immédiatement je vais devenir violent!"

    Les minutes passaient, plus longues encore. Ma migraine ne partait pas, tenace la salope; Faut dire qu'une bouteille éclatée sur le crane laisse toujours un souvenir particulier. Tandis que mes nerfs commençaient a se vriller je décochais mon plus puissant coup de pied en direction de la porte qui, a ma grande surprise, n'offrit aucune résistance s'ouvrant sur une salle vide.

    Je ne saurais jamais si le pire était la panique qui m'habitait dans cette salle, ou la terreur qui m'envahit une fois libre. Je n'étais plus enfermé et en colere, non, j'étais seul et vulnérable. Je n'étais qu'une puce dans cette ville faite de ruelles sombres, de coupe gorges si visibles et évidents  qu'on s'y engouffrait quand même.

    Rosace, une ville bien étrange. Taillée dans le Jais, une pierre aux proprietés absorbantes, elle surplombait les plaines de son imperieuse noirceur.

    Cette ville avait été conçue pour être la frontiere entre le crime et la raison, de ses rues tortueuses, sombres et pourtant étrangement attirantes jusqu'a son erection dans un materiau buvant ce sang qu'on voyait déja couler a flots. Assurément, des esprits malades devaient encore rôder inconscients du fléau les guettant dans l'obscurité.

    Car c'était un fait, la ville avait été désertée dans la panique la plus totale comme en témoignaient les pichets renversés et la biere encore fraiche maculant le sol de l'Aube, un client avait même laissé tomber sa dague. M'en saisissant  j'avançais vers la porte de sortie.

    "Qu'ont donc pu fuir ces gens? Une épidémie peut être? Non, trop précipité. Une guerre alors.. Impossible, les guerres n'ont plus lieu en ce monde. Non, c'est quelque chose de bien pire, quelque chose d'imminent. Qu'est-ce donc?"

    Les rues étaient  si calmes que j'entendis mes bottes marteler le pavé.La mort rodait guidant de son bras le fou perdu au coeur de ce dédale. Commençant tout juste a trouver une idée viable je décida de me rendre au Clocher ou les dernieres informations et copies de missives devaient être entreposées. A peine eus-je traversé la premiere des ruelles jalonnant mon périple qu'aux portes de la ville retentit un étrange hymne. Un hymne déchirant le silence...

     


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  • Tandis qu'a l'Ouest le soleil mourrant embrase l'horizon; une étrange clameur s'éleve plus au Sud .

    Si lointaine et pourtant si puissante elle fait se fâner les derniers espoirs. Les murs de la ville tremblent, chacun s'affaire dans un étrange balai ou virevoltent la peur et le désespoir.

    Ici un noble rassemble ses dernieres richesses, la le roturier abandonne le labeur d'une vie et tous viennent s'entasser aux sorties. Quelques heures pour laisser la ville aux rats et il n'est plus une seule maison d'habitée, plus un seul lieu qui soit réchauffé par la chaleur humaine. Les charognards jubilent. Quelques chaines résonnent et un rire mesuré, calme et chaleureux vient leur faire écho.

    Rosace, le premier rempart de Crépuscule a fondu comme neige au soleil face a une ombre. Juste une ombre.

    Mais voila que du sommeil émerge un bien étrange homme, il dormait si profondément qu'il n'a pas senti la ville mourir au dessus de lui...

     

     

     

    Voila un Ptit début, par manque de temps mais aussi par envie de donner une intro rapide a ce qui suivra dans les jours a venir!


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  • Il n'est pas le plus grand des hommes, ni le plus vil. Il n'est ni dieu ni bête, mais un simple individu a qui le sort et l'extravagant ont préféré d'autres.
    D'aucun ne peut le nommer antihéros, car pertinemment il sait qu'au coin d'une rue l'amour ou le destin ont depuis longtemps laissé place au vide.
    Cet homme que seul un prénom et quelques vagues convictions suffisent a définir vit asservi à la routine, interdit à la folie.
    Il n'a jamais sauvé une vie ni vue la sienne en danger.
    Certains le veulent banal, mais ne leur en déplaise il ne l'est pas le moins du monde.
    Non, il est bien plus que ça, et en lui vivent des centaines de héros, en lui vivent tout ces mondes que jamais il n'a foulé et ces gens qu'il connait si bien sans jamais leur avoir parlé.
    Pourquoi le résumer a une norme quand en lui vit la plus ardente des passions mêlée à l'aventure et à l'inconnu?
    Jamais il n'a frôlé le danger et pourtant mille fois il a vécu et donné la mort.
    Il pourrait être un enfant que les contes ont émerveillé mais il voit son futur trop terne pour être l'un d'eux.
    Il pourrait être le simple personnage d'une histoire mais il est bien trop réel et condamné au prévisible pour cela.
    Mélancolique, peut être désabusé et parfois naïf lui qu'emprisonne le charnel, si loin de ses utopies.

    On ne lui sourit pas dans la rue, et tant mieux, la fausseté brille trop à son gout. Il devrait s'enfermer dans le cynisme tant il a conscience de la futilité du reste.
    Mais ce serait une terrible erreur alors, car il vit dans la futilité paradoxalement enchainé a un essentiel trop fort. Lui qui a déja imaginé, exploré et s'est délecté de mille personnalités
    il ne peut reprocher au schizophrène que d'être limité. Il ne peut haïr autrui qui rêve et comme lui, en son sein se débat contre cette façade qu'il a crée pour protéger ses plus belles possessions :
    Son âme d'enfant.
    Il est l'écrivain, il est celui que la naïveté du nouveau né fait rêver, il est celui qu'un monde limité et connu condamne.
    Car oui, il est le pire des condamnés dans la pire des prisons, il est celui a qui l'on a interdit de s'émerveiller et de découvrir dans la plus grande simplicité tant l'inconnu est devenu complexe.
    Il est celui qui rêve d'explorer des terres vierges et de vivre corps et âme les plus belles aventures que l'histoire inventa.
    Assis dans son triste bureau, dans l'encre noire il réveille l'enfance perdue qui sommeille en lui pour enfin s'échapper de sa prison.
    Et voila que loin de son corps, il traverse une fois de plus un monde libre de toute loi, un monde qu'il peut modeler à sa guise ou mort devient renaissance.
    Un monde, ou il peut enfin fuir l'ennui et sincerement sourire.


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